L’installation de Monsieur P.R. ou lorsque la restitution s’efface au profit de la musique.

Son premier équipement était composé de :
– lecteur de CD Philips
– électronique Counterpoint SA-10
– enceintes Infinity Kappa 8

Ses exigences l’ont conduit à faire évoluer son équipement, en commençant par la source avec un lecteur WADIA, puis des enceintes INFINITY, PROAC, REHDEKO (1).

Pendant un temps, il alla s’équiper chez HARMONIE (enseigne marseillaise), devenue HARMONIE Audio, à Aubagne.

Aujourd’hui, le système Hi-Fi de Monsieur P.R. est composé d’éléments des marques Royal Device (électroniques), AER (haut-parleurs) et Max Research (enceintes), inconnues en France.

Je lui ai demandé qu’il nous parle de son équipement actuel.

– Monsieur P.R. comment avez-vous découvert la marque italienne Royal Device ?
Par hasard, en cherchant des renseignements techniques justement pour fabriquer mes électroniques.

– Qu’est-ce qui vous a séduit dans les productions de Monsieur Delle Curti ?
Je voulais fabriquer des électroniques à tubes, avec des transformateurs entre chaque étage.
Puis je suis tombé sur le site de Royal Device et j’ai tout de suite vu que ce que fabriquait Roberto Delle Curti correspondait tout à fait à ce que j’envisageais de faire, en mieux. Son idée m’a immédiatement séduit : une amplification du signal uniquement faite par des transformateurs avec des étages à transistors comme adaptation d’impédance et ce, de la source (DAC) à la sortie des amplis. Conclusion: 4 étages uniquement au total, pour une sortie à 30W, sachant que je n’ai besoin que d’un watt ou deux.

– Les enceintes italiennes Max Research,  équipées du haut-parleur large bande  AER vous ont permis de faire connaissance avec le très haut rendement.

L’association avec vos anciennes électroniques à lampes était-elle plutôt heureuse ou avez-vous rencontré des problèmes de compatibilité ?
Les enceintes sont artisanales : je crois que uniquement 5 paires ont été fabriquées. Un seul haut-parleur large bande AER MD3 à très haut rendement (106 dB/1W, 1m), chargé par un énorme pavillon. Toutes les surfaces sont recouvertes de liège “à gros grain” pour amortir les vibrations et la base est montée sur un système mobile à base de billes d’acier pour absorber les vibrations pouvant remonter par le sol. Le tout sans limite de poids puisque chaque pavillon pèse à lui seul environ 130 kg.
Le mariage avec mes anciennes électroniques (Audio Note mono 300B) manquait de rapidité et le son était un peu coloré, embelli dirais-je. J’ai un moment envisagé de faire moi-même mes électroniques.

– Qu’est-ce qui vous a séduit dans le haut rendement ?
Le mariage de mes pavillons et des électroniques de Roberto est exceptionnel : une dynamique hors du commun, une sorte de liberté du son, des détails à profusion mais toujours à leur place, jamais d’acidité ou de crispation. Et avec le large bande, des voix dont la présence et la tessiture sont d’un naturel rare, en tout cas quasiment rarement entendu sur d’autres systèmes et une proximité immédiate lors d’enregistrements (bien faits !) en live. On participe, on tape du pied, on bât la mesure, et surtout, parfois …. les frissons !

 – Avez-vous découvert un autre paysage musical ? Si oui, comment le qualifiez-vous : plus de proximité avec les interprètes ? Une sensation de naturel supérieur ? En quelque sorte , cet ensemble vous procure-t-il plus d’émotion ?
Je redécouvre fréquemment plein de disques et de morceaux que j’ai déjà écoutés plus d’une fois. Le plus surprenant est lorsque je ré-écoute mon système après une longue période d’absence: toujours autant agréablement surpris.

– Vous avez choisi de dématérialiser vos CD à la suite des essais comparatifs que vous avez réalisés entre le CD et sa copie dématérialisée. Vous avez constaté un net avantage pour la copie.
A quel niveau ?
Mis à part la facilité d’utilisation, les 2 points essentiels que j’ai remarqués: quantité de détails et espace sonore.

 – Où stockez-vous votre discothèque ?
Sur un disque dur externe connecté à un PC dédié par liaison TCP/IP. Le logiciel de lecture des fichiers envoie les trames par USB au DAC.

– Faites-vous une sauvegarde ?
Oui, j’ai un deuxième disque en copie

– Ce qui me frappe, c’est que vous utilisez un lecteur de CD, avec une mécanique d’origine informatique. Vous me dites que vous transférez vos CD sur un disque dur externe. Oui mais étant donné la mécanique de lecture, somme toute basique, ne craignez-vous pas de perdre des informations au moment du transfert ?
Lorsque je ripe un CD, je le transfère sur mon disque dur externe à l’aide d’un logiciel qui s’autorise à reprendre certaines parties du disque lorsque des erreurs de lecture sont détectées, afin de copier au maximum sans aucune erreur, chose qu’on ne peut faire en écoute directe.

DAC : marque Royal Audio Device, comme le préampli et l’ampli.
Liaisons : Disque dur externe vers PC: Ethernet. PC vers DAC => USB. DAC vers Préamp => RCA.

Le CD est lu par un disque dur de la marque Lacie, connecté en Ethernet à l’ordinateur portable.
Le logiciel utilisé qui envoie les informations numériques du CD au convertisseur se nomme Foobar 2000.

– Parlez-nous de la connectique. Fait-elle appel à une structure de câble particulière ?
Toutes les électroniques ont des alimentations spéciales externes et séparées.
La connectique entre les appareils et les enceintes est faite uniquement avec du fil monobrin de cuivre émaillé d’un diamètre maximal de 0.5 mm, recouvert de coton naturel. Un seul brin partout, même pour les enceintes, avantage du haut rendement, donc peu gourmand en courant.

Votre installation est composée entièrement de la marque Royal Device.

– Monsieur Delle Curti qui a développé une nouvelle génération d’amplificateurs, les a qualifiés de quantiques. On ne peut s’empêcher de penser à Albert Einstein.
Qu’est-ce que cela signifie ?
Je n’en ai pas la moindre idée.

Je crois savoir qu’il dispose également d’une salle audio-vidéo destinée aux concerts.
– Lui arrive-t-il d’enregistrer ?
Oui, je crois qu’il enregistre mais je n’en sais pas plus.

– Le site de la marque donne une étrange impression d’ésotérisme. Pourtant, en lisant les articles, on découvre que des études très poussées sur l’électroacoustique ont permis de valider certaines théories. Vous qui avez des compétences dans ce domaine, qu’en dites-vous ?
Cela peut même paraître grotesque pour certains (j’ai déjà lu des commentaires sur la Toile de personnes qui se permettent de critiquer sans avoir écouté). Mais connaissant ses réalisations, je pense que ce doit être encore plus exceptionnel que les modèles que je possède. A écouter absolument, j’en suis persuadé.

– Qu’est-ce qui, selon vous, qualifierait le mieux les avantages de cette marque ?
Attention, ceci n’engage que moi, mais ce que fait M. Delle Curti est du confidentiel et seuls ceux qui connaissent et qui possèdent ou ont déjà écouté, peuvent se rendre compte de la différence de conception avec le conventionnel : “on” s’extasie chaque année sur la nouveauté qui est mieux que machin, lui-même mieux que truc ….. mais finalement,  ils se contentent uniquement de reproduire des schémas existants, plus ou moins modifiés, depuis des décennies. On vous vend toutes ces boîtes à des prix stratosphériques mais pour moi, le résultat n’y est pas ! La hifi est un marché enrichissant ! Il n’y a qu’à voir le prix des câbles. Je me marre, mais là je m’éloigne (lol).

– Comment définiriez-vous votre installation ?
Elle me satisfait et chaque fois que j’écoute d’autres systèmes, je me dis que, personnellement, je ne changerais pas, pas encore.

– Vous faites passer votre passion avant toute considération esthétique. Quelle sera la prochaine évolution de votre installation ?
J’envisage de me fabriquer deux enceintes de grave (20 à 40 Hz) pour soutenir un peu plus le bas du spectre et libérer encore plus les large bande. Le raccord avec des pavillons est très délicat à réaliser, chaque type d’enceinte a un front d’onde différent, on ne peut donc pas mettre n’importe quoi (un simple caisson de basse comme on rajoute couramment avec du bass-reflex par exemple). Mais j’ai trouvé des conceptions qui devraient bien fonctionner. A suivre ….

– Une dernière question : le WAF est passé dans le langage courant , il signifie Wife Acceptance Factor (Facteur d’Acceptation Féminine). A ce propos, avez-vous concerté Madame avant d’acheter vos enceintes ?
Non. D’ailleurs le “deal” lorsque j’ai fait construire la maison était : le salon pour moi, le reste de la maison pour Madame. Et j’ai donc adapté le salon en conséquence : entre autre, calcul des dimension de la pièce (longueur x largeur x hauteur) sur ordinateur, réalisation d’un plafond incliné et d’une chape flottante. Le son n’en est que meilleur.

Merci M. P.R. de m’avoir reçu et de m’avoir fait partager ce moment inoubliable qui restera une de mes plus belles expériences d’audiophile.

Mon avis :
L’écoute du système de M. P.R. est une expérience unique.

Dès les premières mesures, ce qui surprend le plus, c’est l’immédiateté et la présence du son, ainsi que l’étagement des plans sonores. Chaque instrument est à sa place, dans sa vraie dimension.

L’écoute de CD est aussi la découverte d’un nouveau paysage sonore avec une scène réaliste, une énergie folle, une structure harmonique inouïe et ce, SANS AUCUNE brillance, ni projection, ni agressivité.

La musique « s’écoule » avec une aisance peu commune, une souplesse et une facilité que seuls les meilleurs systèmes à très haut rendement savent reproduire.

Le faisceau d’informations que cet équipement délivre passe souvent à la trappe sur des systèmes moins ambitieux. Le filé des notes et leur prolongement sont tels que les morceaux semblent être plus longs, comme si on avait ralenti la vitesse de défilement du fichier (ou de rotation du CD).

On pourrait juste lui reprocher une légère faiblesse dans le grave (due à l’utilisation d’un seul HP) mais ce n’est rien en contrepartie du reste.

Monsieur P.R. envisage de compléter son installation par un caisson de grave, de façon à reporter la coupure du haut-parleur large-bande vers 40 Hz et ainsi optimiser son fonctionnement dans la plage de fréquences qui lui est appropriée.

Démesurée, l’installation de Monsieur P.R. est digne des meilleures installations domestiques japonaises.
L’écoute est sublime, l’image grandiose et le plaisir immense.

Complètement « ouf ! ».

NB. Si comme Monsieur P.R. vous possédez une installation hors du commun et que vous souhaitez en parler, n’hésitez pas à vous faire connaître en déposant votre message sur le blog (rubrique Contact)

Ses disques préférés :
Angélique Ionatos / Sappho de Mytilène
Philippe Léotard / Chante Ferré
Michel Portal / Burundi

Son équipement, en détail :
Comme indiqué ci-dessus, les câbles qui sont utilisés entre les électroniques sont en argent pur, entourés d’une gaine en coton pur de 0,5 mm et fabriqués à la main, suivant les conseils d’Audio Consulting. ). Les soudures sont en argent.

La connectique qui relie l’amplificateur au haut-parleur est en liaison directe, c’est-à-dire directement vissée sur les cosses du HP. Les câbles sont composés de cuivre traités par cryogénisation (FURUTECH emploie également la cryogénie) insérés dans une gaine en coton. Cette méthode consiste à réfrigérer le cuivre dans de l’azote liquide à des températures extrêmement basses, puis à le laisser « reposer » à température ambiante, suivant un processus très long, afin « d’orienter » la structure moléculaire du câble (je vous renvoie aux articles qui sont parus sur le Net.

Toute l’électronique est alimentée en courant par des alimentations séparées et posée sur des chambres à air. Au niveau de la technologie employée, il faut retenir que le convertisseur, le préamplificateur et l’amplificateur n’ont aucun étage actif d’amplification. Autrement dit, il n’existe aucun tube, ni transistor sur le trajet direct du signal.  Par exemple, le signal issu du convertisseur (0,3 volts environ) est amplifié uniquement par le transformateur. Le préampli et l’ampli contiennent 2 transformateurs.

Les haut-parleurs de la marque AER, modèle MD3 qui ont un diamètre d’environ 20 cm sont des large-bande. L’aimant est en néodyme. La nature du papier utilisé est tenue secrète par le fabricant. Ils ont un rendement de 106 dB.

Ils sont montés sur des enceintes à double pavillon replié, avec une partie qui pointe vers le haut et une partie vers le bas. Ils sont recouverts de liège, jusque dans la chambre de compression.

Les enceintes, qui pèsent 130 kg pièce (sans les panneaux articulés) sont posées sur une suspension à billes (de roulement) métalliques et des panneaux de bois en damiers découpés, sans contact entre eux, afin d’éviter toute vibration.

Les panneaux latéraux sont composés de bois haute densité, articulés sur des charnières et pèsent approximativement 20 kg. Ce qui porte le poids total d’une seule enceinte à 150 kg.
Seules 5 paires sont en circulation dans le monde. Elles ont toutes été fabriquées à la main.

Le sol est une dalle flottante et le plafond, incliné, est constitué d’une double peau, c’est-à-dire une double plaque de plâtre croisée perpendiculairement (du BA13 en 2 couches, équivalent à du BA26, posé sur une structure métallique). De sorte qu’en augmentant les masses, on parvient à éliminer les vibrations. Les dimensions de la pièce ont été calculées par ordinateur.

Quid du tarif, qui pourrait paraître astronomique vu la technologie embarquée et le temps employé pour la réalisation ?

Grosso modo, on table sur :
– 3.000€ pour l’ampli,
– 2.000€ pour le préampli,
– 2.000€ pour le convertisseur D/A
– 10.000€ la paire de pavillons
– 6.000€ la paire de haut-parleurs.

Un prix certes élevé, malgré tout réaliste eu égard au niveau de performance de l’ensemble.

Site web du fabricant Royal Device, ici.
Site web du fabricant Max Research, ici.
Site web du fabricant AER, ici.

(1) Un article de Marc Philip que je salue au passage, sur l’entreprise Rehdeko & Co. Parce qu’un système musical est avant tout une histoire.