Lorsque j’ai mis en service ce blog, j’ai aussitôt pensé à Monsieur Richard CESARI.
Je l’ai croisé pour la première fois en juillet 1980 et à cette époque j’étais loin de me douter qu’il deviendrait célèbre dans le domaine de la Haute-Fidélité.
Depuis, il nous est arrivé de nous rencontrer quelques fois dans les allées des Salons.
Pour ceux qui ne le savent pas, Richard CESARI est le concepteur des câbles Esprit.
Souvent considérés par la presse spécialisée comme faisant partie des références, dans leur catégorie de prix, les câbles Esprit comptent 8 gammes de produits (Alpha, Beta, Kappa, Celesta, Eterna, Aura, Lumina et Lumina Signature, Gaïa) et la série Linea (d’entrée de gamme).
Richard CESARI a commencé à fabriquer des câbles, pour son utilisation personnelle, en 1993.
En 1997, il s’est lancé dans la fabrication industrielle.
Cette année 2017, la marque ESPRIT Audio fête son 20ème anniversaire.
A cette occasion, le câble Lumina est proposé dans une version « Signature » (en série limitée) qui est une hybridation de la gamme Lumina et du câble de très haut de gamme Gaia.
Sur ce modèle, tous les paramètres ont été améliorés, pour aboutir à une musicalité de très haut niveau.
En fonction de la gamme, plusieurs versions sont disponibles : modulation asymétrique (RCA, phono) ou symétrique, haut-parleur, numérique ou secteur.
Contacté il y a plusieurs mois, il s’était livré ouvertement sur son métier au cours d’un entretien que nous avions eu par téléphone.
Bonjour Monsieur CESARI.
– Dites-nous, en quelques mots, quel a été votre parcours ?
A l’âge de 16 ans, j’ai commencé à me passionner pour la Hi-Fi. (Coïncidence, il en est de même pour moi). En 1985, j’ai fabriqué une platine tourne-disque qui s’appelait déjà Esprit. Puis, j’ai fabriqué une enceinte qui s’appelait ELKA. A l’époque, j’en ai vendu 50 paires. Ensuite il y a eu les enceintes ARC Audio.
Lire le résumé du parcours de Richard CESARI sur http://www.hifilink.fr/esprit-audio-les-cables-hifi/
– Est-ce plutôt le son qui vous passionne ou plus précisément la recherche ?
Je suis surtout amoureux de la musique. Quant au son je le recoupe avec la recherche. Pour moi, c’est un réel bonheur de parvenir à un son naturel.
– Pourquoi avez-vous choisi de fabriquer des câbles ? Qu’est-ce qui vous motivé dans ce choix ?
D’abord, ce fut un choix personnel, puisque j’ai commencé à en fabriquer pour moi. Ensuite, j’en ai fabriqué à la demande. Enfin, je suis passé à la production.
Je considère d’ailleurs que les travaux de recherche sur l’enceinte sont assez proches de ceux que l’on effectue sur les câbles.
– De combien de personnes se compose votre structure ?
Nous sommes de 2 à 7 personnes selon la période de l’année. Notre fabrication est artisanale. Tout est fait à la main.
Un Alpha modulation nécessite une bonne heure et 11 fournisseurs différents.
– Qu’est-ce qui différencie le plus Esprit Câbles des autres fabricants ?
Je dirais que j’ai essayé des dizaines de possibilités, comme sur-dimensionner la quantité de cuivre par rapport au signal à véhiculer, éviter d’avoir les mêmes isolants sur le + et le – des câbles, de façon à ce qu’ils se chargent différemment …
Tout au plus, ce que l’on peut mesurer, c’est l’impédance et la résistance au courant continu, la capacitance et l’effet selfique. A partir de ça, j’ai développé tout un tas d’essais, uniquement en écoutant car sur cet aspect, les résultats d’écoute ne sont pas tous corrélés par la mesure
Le rôle d’un câble est de véhiculer le signal d’un point A à un point B sans déformation et sans perte.
Je n’utilise pas le téflon comme isolant alors qu’il est employé dans les techniques utilisées par l’aérospatiale car j’ai constaté chaque fois qu’au bout d’une centaine d’heures, il se mettait à délivrer des duretés désagréables.
– On attribue souvent aux câbles la faculté de modifier sensiblement les performances d’une installation Haute-Fidélité. Moi, je pense qu’ils permettent simplement d’en révéler le potentiel. Qu’en pensez-vous ?
Ce que je cherche à faire, c’est surtout de conduire le signal en le détériorant le moins possible.
Sans commencer à bouchonner le haut du spectre pour enlever les duretés du système s’il y en a, ou à relever le bas-médium pour faire semblant qu’il y a du grave.
Ce que je cherche à faire, c’est à obtenir l’équilibre le plus naturel possible.
– Les différences entre les câbles étant très subtiles, j’imagine que vous utilisez un système performant pour pouvoir les rendre suffisamment évidentes, afin de vous permettre de les situer dans leur gamme de prix respective. Quels appareils utilisez-vous ?
Moi, je ne dis pas que la différence est subtile …elle est je pense très conséquente.
– Vous arrive-t-il d’avoir des doutes sur les améliorations que vous pensez avoir apportées d’une génération à l’autre ?
Quand j’ai ces doutes-là, c’est juste avant de sortir la nouvelle génération. Dès l’instant où je suis satisfait de tout ce que j’ai fait, pour m’enlever tous les doutes, je fais appel à mes relations pour leur faire écouter le résultat final.
A partir de là, je valide ou pas.
Il faut savoir que depuis le début des câbles Esprit, pour les câbles de modulation, les conducteurs sont exactement les mêmes. Par contre, il y a eu beaucoup de changement au niveau des isolants, au niveau des écrans et des connecteurs.
– On lit dans les bancs d’essai qu’en matière de recherches, l’étude d’un câble porte à la fois sur la gaine, la structure et les fiches. Existe-t-il d’autres pistes de développement ?
Oui, il y a tous les ensembles qui vont avec : le conducteur, l’isolant, pour ne pas dire la gaine, l’écran c’est à dire le blindage.
Certains fabricants ne blindent pas les câbles car ils estiment que ça apporte de la dureté. C’est une fausse idée car je suis parvenu à obtenir avec le blindage une réelle qualité dans les silences et toutes les micro-informations qui vont avec.
C’est très complexe. Les câbles, c’est comme une paire d’enceintes, on touche un paramètre, c’en est 3 ou 4 autres qui vont bouger.
Je possède une paire de câbles ISODA qui ont été développés, entre autres par M. Jean HIRAGA, du temps où il intervenait dans la revue de L’Audiophile. Il s’agit de câbles multi-métaux. Je l’utilise entre ma platine TD et le préampli NAIM. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’il est une référence parmi les câbles que je possède. Par contre, je lui trouve la qualité de ne pas apporter de coloration propre.
– Or, je n’entends plus parler de câbles multi-métaux, pourquoi ?
Ça peut être intéressant car on agit sur tous les conducteurs, en mettant telle quantité de cuivre, telle quantité d’argent … pour arriver à l’équilibre que l’on veut obtenir.
Moi, j’ai travaillé différemment. J’ai travaillé avec des cuivres purs, j’ai sélectionné le diamètre de brins que je voulais, ensuite, le nombre de brins pour arriver à la surface totale. Après cela, je me suis occupé des isolants. Il y a très longtemps, un câble que j’ai appelé Master, qui faisait partie de la première série, en 1997, était constitué d’un mélange de cuivre et d’argent. Il était très bon. Maintenant, avec uniquement du cuivre, je suis parvenu à un meilleur résultat.
Quant aux câbles NAIM, qui sont en fiches DIN, en les faisant passer par les alimentations ils deviennent polarisés. C’est une des raisons qui fait qu’ils obtiennent de bons résultats. S’ils étaient branchés en RCA, ils ne seraient plus polarisés et ils perdraient tout le bénéfice.
Je propose dans ma production les Aura, Lumina, Gaïa, qui sont des câbles polarisés.
– Quand on voit le prix que coûtent certains câbles, on se dit qu’il n’est pas simplement dû au procédé de fabrication mais qu’il doit y avoir des heures et des heures d’études, de comparaisons et d’écoutes, qui permettent de justifier leur tarif ?
En grande partie, ce qui justifie le prix, c’est le temps passé.
Les composants coûtent cher. J’utilise des composants un peu plus que de course mais le temps passé est énorme. Entre 26 minutes théoriques pour un Alpha et les quasi 28 heures passées pour un Gaïa modulation, la différence est énorme.
Je n’irais pas jusqu’à dire que les prix sont prohibitifs chez certains concurrents mais, d’après ce que je pense, ils doivent être justifiés par des procédés de fabrication très coûteux.
– Pensez-vous que ce soit la seule raison ? Je pense notamment à Nordost qui utilise l’air comme isolant et qui suppose un procédé très coûteux. N’est-ce pas ça qui rend le coût exorbitant parfois ?
L’isolant sur air, je le fais d’une autre façon qu’eux. C’est à dire qu’il y a certains maillages entre les brins de cuivre qui font qu’il y a de l’air qui circule.
– Approximativement, dans une gamme moyenne de câbles, combien de temps s’écoule entre le projet et la mise en production ?
C’est très aléatoire. Maintenant j’ai l’acquis et chaque fois, c’est cette base-là qui est modifiée, par améliorations successives, alors qu’au début j’ai dû partir d’une page blanche.
Je peux dire qu’il y a un renouvellement de gamme à peu près tous les deux ans et demi.
– Jusqu’à aujourd’hui, nous ne sommes pas parvenus à transmettre le signal dans une configuration sas fil qui atteigne la qualité d’une connexion filaire. Travaillez-vous sur le sujet ?
Non. Peut-être un jour parce que tout ce que j’ai entendu jusqu’à maintenant ne m’a pas donné envie. J’ai l’impression qu’on est terriblement limité par le procédé.
– Qu’utilisez-vous comme systèmes, pour la mise au point de vos câbles ou pour votre écoute personnelle ?
Il y en a plusieurs. J’ai du NAD, du SPECTRAL, du PASS, du QUAD à tubes, de l’YBA, tout ça est très, très différent.
J’ai des enceintes DAVIS, des KARLA, des HARBETH, des WILSON AUDIO, des QUAD ESL, pour ne pas faire de la compensation.
Les QUAD sont les QUAD à tubes de 1965. Si je ne fabriquais des câbles qu’avec ces amplis, je remonterais l’aigu et le grave. Malgré l’impression subjective d’aller très loin, je serais à côté de la plaque
– Une dernière question : si vous n’aviez pas été un fabricant de câbles, quel métier auriez-vous exercé ?
Musicien ou fabricant d’enceintes.
Merci Monsieur CESARI.
Ainsi, la « science » du câble chez Esprit, c’est l’expérience de son concepteur.
Au terme de cet entretien, je peux dire que dans la fabrication des câbles Esprit, rien n’est laissé au hasard.
Finalement, de la même façon que Richard CESARI est arrivé naturellement aux câbles, il a donné à sa production l’Esprit de sa philosophie.
Les câbles ESPRIT sont particulièrement performants pour mettre en évidence la délicatesse et la finesse des interprétations, en créant un espace réaliste du lieu de l’enregistrement par un niveau de détails important, tout en évitant toute projection et sans rien sacrifier à la dynamique.
Richard CESARI n’a pas cherché à obtenir ces qualités en assombrissant le haut du spectre ou, à contrario, à créer une coquetterie dans les hautes fréquences par une sur-définition de l’aigu, qui aurait été agréable sur le moment mais qui se serait avérée pénible à la longue.
En résumé, les câbles ESPRIT se différencient des câbles concurrents par une évidente neutralité et un savant mélange de transparence et de matérialité.
Les câbles Esprit ont été sélectionnés par la marque Bowers & Wilkins, pour alimenter ses enceintes.
A chaque fois, l’ensemble Esprit + B&W m’a particulièrement séduit. Lire ci-après mon appréciation sur la démonstration à laquelle j’ai assisté : B&W 802 D3 dans http://www.laudioexperience.fr/un-systeme-dexception/
Pour en savoir plus sur les câbles Esprit :
Site web : http://esprit-audio.fr/
Très bien documenté, le site propose des articles de presse et autres bancs d’essai.
Page à consulter pour en apprendre davantage sur les performances des câbles Esprit : http://esprit-audio.fr/presse/
M. Richard CESARI est également le dépositaire en France des platines BERGMANN Audio
Contact: info@esprit-audio.fr
Site du fabricant : http://bergmannaudio.com/GB.aspx
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